ZAD de Notre-Dame des Landes par Evan Forget - Photographe sur N

Evan FORGET – www.evan-forget.fr

La ZAD (Zone à Défendre) de Notre-Dame des Landes fût, en 2012, mon premier gros projet photographique. Je m’y suis rendu à une époque où les tensions étaient à leur comble, et où pas un jour ne passait à la télévision des images montrant un spectacle de haine et de violence.

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Le premier jour où j’ai été déployé là-bas, je n’ai pas eu à attendre longtemps. 1H tout au plus avant que les combats de la journée ne commencent. J’étais partis tôt le matin, et c’est aidé de quelques locaux que j’ai réussi à me repérer sur cette zone grande de plusieurs kilomètres carrés.

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J’ai été incroyablement bien accueilli. Bon, pas par tout le monde, c’est vrai, mais la grande majorité m’a accueilli comme un frère, partageant nourriture et vêtements avec moi, alors qu’ils ne me connaissaient pas et que j’avais avec moi un appareil photo : l’ennemi ultime des zadistes de l’époque.

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Ces gens, ces résistants, sont tout sauf des fous. Ils vivent dans des conditions précaires pour défendre une cause qu’ils estiment justes : Lutter contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame des Landes.

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La presse les décris comme des individus violents, des utopistes qui ne pensent qu’à détruire le gouvernement. Mais c’est bien tout l’inverse que j’ai découvert là-bas.

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Les conditions de prise de vue étaient extrêmement difficiles. Photographier un combat n’est déjà pas une chose facile : De nombreux projectiles volent un peu partout (bouteilles de verres, flashball, lacrymogènes, pierre, feu d’artifice…) et en temps que photographe, surtout travaillant à 35mm voir moins (10-20 !) je suis tenu d’être au beau milieu du no man’s land. J’ai d’ailleurs été blessé plusieurs fois, dont une par un cocktail molotv dans la poitrine, ce qui me fit arrêter mes reportages un petit moment sur cet endroit là.

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La première fois que j’y suis allé, il ne pleuvait pas que des projectiles. Dans la même journée, nous avions eu droit à la pluie, la grêle, les rafales de vent… Je m’étonne encore que mon matériel s’en soit sortis indemne.

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J’ai commencé par suivre un petit groupe de zadiste pendant quelques heures, histoire de pouvoir me repérer. J’avais déjà survoler la zone avec Google Earth, mais les archives satellites n’étaient pas à jour et la zone a bien changée depuis le début du conflit.

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Après une courte visite des lieux importants, j’ai discuter avec quelques-uns des occupants donc certains étaient des « chefs » qui géraient un peu toute l’organisation pour expliquer pourquoi j’étais là, qui j’étais etc. Mentir ne sert à rien, dites vous que les gens finissent toujours par le savoir. J’ai joué franc jeu avec eux.

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Au fil du temps, je les aient suivi dans un autre camp, plus renfoncé dans la forêt. Pour y accéder nous avons du franchir une barricade qui était protégée par des bonbonnes de gaz reliées à un système de goupille. Si quelqu’un retire, ça explose. Radical comme défense.

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C’est à ce moment là, en arrivant dans le nouveau campement que j’ai retiré mon gilet jaune fluo avec la mention PRESSE. Le but était de me faire petit. Bon, même si à l’époque mes appareils se résumaient à de gros boitiers Nikon et à un 70-300 qui pendouillait, j’essayais d’être aussi discret que possible.

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Mes journées étaient rythmées par les combats. Nous courrions sans arrêt partout. Une route gagnée le matin pouvait être perdue le midi et regagnée le soir.

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On me demande souvent « Pourquoi tu fais ça ». En effet, qu’est-ce qui peut pousser une personne saine d’esprit et en bonne santé à se jeter dans des reportages dangereux comme ceux-ci au risque d’être grièvement blessé ?

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La possibilité de faire partie de l’Histoire.

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Photographier un événement comme celui-ci relève de l’actualité aujourd’hui. Toutefois, dans 20 ans, ça ne sera plus l’actualité, ça sera l’Histoire. L’Histoire et les images d’archives d’un combat, d’une lutte de milliers de personnes.

Peu importe si aujourd’hui, mes photos ou mes reportages sont diffusés. Je sais qu’un jour, ces photos auront bien plus de valeurs qu’elles n’en ont aujourd’hui.

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